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Dans la ville guinéenne de Nzérékore les survivants soignent les patients atteints d’Ebola [1]

15 jan 2015

Dans la ville guinéenne de Nzérékore les survivants soignent les patients atteints d’Ebola

Derrière une clôture rouge en filet, la nourrice Fanta Camara donne un bain à Massidigbe, un an et demi, dans la crèche du centre de traitement Ebola  (CTE) à Nzérékoré, située dans la zone forestière de la Guinée. C’est une bonne journée pour la petite fille: sa mère sortira du CTE où elle était soignée après avoir contracté Ebola. Apres la mort du père de Massidigbe du virus Ebola, elle fut mise immédiatement sous observation à la crèche qui sert également de zone temporaire de d’observation. Tous les enfants ici ont perdu au moins un parent du virus Ebola. Ils ne peuvent rentrer à la maison que lorsque le parent traité au CTE est guéri et s’ils ne développent pas de symptômes de la maladie après quelques jours.

Le CTE de Nzérékoré a été ouvert le 2 Décembre 2014 par l'organisation médicale française The Alliance for International Medical Action (ALIMA), qui fonctionne sous l'égide de la Mission des Nations Unies pour la riposte contre Ebola (UNMEER). ALIMA a installé 40 lits avec une équipe de 22 internationaux et 218 collaborateurs nationaux. Leur projet est financé par la Commission européenne (ECHO) et les fonds privés d’ALIMA.

«Au cours de ces derniers jours, nous n’avions pas de nouvelles admissions, et les chiffres des maladies confirmées d’Ebola ont tendance à baisser», explique Guillaume Baret, coordonnateur d'urgence de ALIMA en Guinée. "Jusqu'à présent, nous avons eu 86 admissions, 13 personnes récupérées, 29 cas non confirmés et 30 décès dus au virus Ebola."

Trois fois par jour, Fanta et l'équipe de la crèche prennent la température des enfants, ainsi que celles des deux mères dont le mari et un de leurs enfants sont morts du virus Ebola. Fanta lave un enfant après l'autre. Elle travaille ici depuis l'ouverture de l'ETU. Fanta qui a survécu au virus Ebola, a été elle-même soignée au CTE à Nzérékore.

«Je pense que quand vous avez survécu  au virus, vous avez en quelque sorte l'obligation d'aider les autres patients atteints d’Ebola," dit-elle avec un grand sourire. Sa famille était l'une des premières infectées. Près de 20 membres de sa famille sont morts, parmi lesquels son mari et deux de ses six enfants. «Maintenant, je suis seule responsable de ma famille. Je suis donc heureuse de pouvoir travailler ici parce que j’ai besoin d'argent pour payer les frais de scolarité de mes enfants".

Simon Ghanamon arrive avec sa moto à la crèche. Il est biologiste médical et superviseur de la section Promotion de la santé au CTE. Simon était une des personnes clé dans le lancement de la crèche de la zone d'observation temporaire.

"Nous avons eu de nombreux cas où les membres des familles qui étaient victimes d'Ebola ne présentent pas des symptômes immédiatement. Certains ont été testés positifs seulement après le quatrième test. Ils retournèrent dans leurs villages et ont développé les symptômes seulement quelques jours plus tard infectant ainsi toute la famille et la communauté. Afin d'éviter cela, nous offrons aux membres de la famille de rester ici pendant 21 jours. L’alimentation et les lits, ainsi que les téléphones et les cartes téléphoniques sont fournis par le CTE".

Ce CTE se trouve à 10 minutes à pied de la crèche. Certains des 12 patients atteints d’Ebola sont actuellement sous traitement. Le CTE a autorisés des visites familiales dans une zone désignée. Les patients parlent à leurs proches par-dessus la clôture du filet rouge maintenu à un minimum de deux mètres de distance pour éviter la transmission du virus.

Les conditions de santé des patients se sont récemment améliorées. Depuis le 26 Décembre 2014, ils ont reçu un nouveau médicament antiviral appelé Favipiravir. C’est la première fois que le médicament est en cours d'évaluation clinique dans ce centre et celui de la ville voisine de Guéckédou géré par Médecin sans frontière (MSF). Lancé dans le cadre de l'organisation mondiale de la santé (OMS) pour la recherche sur le virus Ebola, le protocole de l'étude a fait l'objet d'un examen rigoureux et a été approuvé par le ministère guinéen de la Santé, le Comité national de lutte contre Ebola et les comités d'éthique en Guinée et en France. Les risques et avantages du médicament sont clairement expliqués aux patients ou leur représentant dans leur langue maternelle. Le laboratoire belge B-FAST a conclu un partenariat avec ALIMA pour fournir des tests de diagnostic nécessaires pour les soins des patients Ebola et des études supplémentaires liés à l'essai.

"Je passe mon neuvième jour ici au CTE. Je me sens beaucoup mieux. C’était terrible, j’avais mal partout, je vomissais et j’avais la diarrhée. Mon dernier test s’est avéré néanmoins négatif », explique Jacques Loua. Avant qu'il ne devienne lui-même un patient, il avait amené sa femme et son fils à ce CTE. Sa femme est morte il y a quelques jours. Maintenant Jacques espère que son fils de 8 ans Felix guérisse rapidement. Sa nourrice est en fait l’infirmier Kémo Camara, 26 ans et également un survivant soigné dans ce CTE. «Felix a passé des journées difficiles. Mais il va de mieux en mieux. "

Kémo, un infirmier, a été infecté quand il traitait son frère, lui-même finalement décédé d'Ebola. Lorsque Kémo a ressenti les premiers symptômes, la Croix-Rouge guinéenne est venue le chercher à son village Saadou, à 60 km de Nzérékoré. Kémo a été suivi pendant 13 jours dans le CTE de Nzerékore où il travaille maintenant après sa guérison. Néanmoins, il reste déterminé à aider les autres. À travers le masque sur son visage il parle de ses projets futurs. «Je voudrais travailler à nouveau comme infirmier et aider les malades."

  •  [2]L'ONU prône un modèle de partenariat pour répondre à la complexité des crises modernes [2]L'ONU prône un modèle de partenariat pour répondre à la complexité des crises modernes [2]
  •  [3]Tirant les leçons d'Ebola, l'OMS annonce des changements dans sa manière de travailler [3]Tirant les leçons d'Ebola, l'OMS annonce des changements dans sa manière de travailler [3]

Source URL: https://ebolaresponse.un.org/fr/dans-la-ville-guineenne-de-nzerekore-les-survivants-soignent-les-patients-atteints-debola

Liens
[1] https://ebolaresponse.un.org/fr/dans-la-ville-guineenne-de-nzerekore-les-survivants-soignent-les-patients-atteints-debola
[2] https://ebolaresponse.un.org/fr/lonu-prone-un-modele-de-partenariat-pour-repondre-la-complexite-des-crises-modernes
[3] https://ebolaresponse.un.org/fr/tirant-les-lecons-debola-loms-annonce-des-changements-dans-sa-maniere-de-travailler